N°7 - 3ème Trimestre 1997


1. Les techniques de traitement physique des matières premières minérales appliquées aux déchets: La séparation inox austénitique – graphite de déchets de l’industrie nucléaire

Henri Védrine ; François Clin ; Jean-Jacques Guiroy.
Le groupe BRGM met au service du traitement des déchets et de l'environnement ses savoir-faire hérités du traitement des matières premières minérales. Un cas concret est présenté : la mise en oeuvre, avec la société Framatome d'un procédé de broyage et de séparation magnétique de déchets inox - graphite de l'industrie nucléaire qui, après une phase pilote de mise au point, est utilisé à l'échelle industrielle en milieu hostile. Cet exemple montre l'intérêt de l'utilisation de techniques de préparations mécaniques et de tris magnétiques pour séparer des constituants de déchets.

2. Connaissance et valorisation des composts par la procédure de qualification agronomique

Christian Carre ; Eric Fiori ; Séverine Opsomer.
Le compostage des déchets permet de traiter la fraction organique tout en élaborant un produit valorisable en agriculture.Face au manque de données chiffrées et dans un contexte réglementaire évolutif, l'évaluation des risques pour le sol et les cultures est difficile.Par ailleurs, l'intérêt agronomique des composts issus de déchets fait l'objet de peu d'études.La procédure présentée dans cet article est adaptée aux composts de différents produits résiduaires. Elle a pour double objectif de démontrer l'intérêt agronomique tout en évaluant un seuil d'impact sur l'environnement.Cette procédure comprend deux phases : la première phase, en laboratoire, regroupe un ensemble d'essais mesurant l'efficacité agronomique et vérifiant l'innocuité vis-à-vis du végétal. La seconde phase consiste en des essais de plein champ dont l'objectif est de confirmer les résultats de la première phase.Cette procédure est en cours de validation sur 6 types de composts représentatifs du contexte français (compost d'ordures en mélange, compost d'ordures « grises », compost de fermentescibles, compost de déchets verts, compost de déchets verts + boues, compost d'OM + boues). Elle s'applique sur produit mûr, prêt à l'emploi, dans le cadre d'une utilisation en grande culture.

3. L'électromigration appliquée à la dépollution des sols: Le cas d'une pollution fluorée

Nathalie Costarramone ; Véronique Pomes ; Sylvaine Tellier ; Bruno Grano ; Didier Lecomte ; Michel Astruc.
L'objectif de l'étude est l'application du procédé électrocinétique à l'échelle d'un pilote. Ainsi, une méthodologie est développée afin de définir et de mettre en œuvre des conditions adaptées à la décontamination d'un sol pollué en fluor par la technique d'électromigration. Tout d'abord, une étude expérimentale est réalisée à l'échelle du laboratoire, afin d'analyser préalablement le rôle de différents paramètres (nature de l'électrolyte utilisé, granulométrie du sol, gradient de potentiel imposé). Puis, des travaux sont réalisés avec les conditions prédéfinies, sur trois échelles différentes (0,8 et 20 litres ainsi que 1,5 m3), afin de mettre en évidence l'impact du changement d'échelle sur les paramètres : quantité de fluor récupérée, durée de traitement, consommation énergétique plus particulièrement.

4. Apports potentiels de la théorie des possibilités à l’évaluation des risques environnementaux

Bernard Côme ; Dominique Guyonnet ; Samir Magnouni.
Certains problèmes environnementaux, tel l'impact potentiel d'un site pollué sur les milieux vivants, se caractérisent initialement par le petit nombre de données descriptives du problème, et l'incertitude sur les critères d'acceptabilité des éventuels relargages de polluants. L'article expose comment les outils de la théorie des possibilités, en particulier la notion de nombre flou et celle de mesure de nécessité (et de possibilité) permettent d'évaluer l'acceptabilité (ou non) d'une telle situation. On en conclut que cet ensemble de concepts constitue un mode de mise en œuvre raisonnable du « principe de précaution », évitant toute surenchère excessivement sécuritaire. Ces outils relativement nouveaux gagneraient sans doute à être mieux connus des décideurs (organismes à l'origine des réglementations, administrations ...).

5. Éditorial n°7 Déchets Sciences et Techniques

Jacques Descotes.
Notre civilisation qui a vu l'apparition de risques jusqu'ici inconnus (énergie nucléaire, biotechnologies, transport aérien ... ) est souvent décrite comme une civilisation du risque. Elle n'en est pas moins une civilisation de la sécurité, même s'il est surprenant de constater que la demande sociale conduit à un niveau d'exigence très élevé à l'égard des dispositifs techniques ou collectifs, alors que les choix de vie personnelle n'ont pas amélioré la sécurité individuelle, voire l'ont aggravé (tabagisme, conduite automobile, sports extrêmes ... ).Le principe de précaution auquel est consacré un ouvrage récent [Oliver Godard : Le principe de précaution dans la conduite des affaires humaines. Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 1997] en est une illustration. Ce principe repose sur l'idée qu'il peut être justifié, voire impératif de limiter, encadrer ou empêcher certaines activités potentiellement dangereuses, sans attendre qu'un lien de causalité soit scientifiquement établi. Il s'agit là d'une notion ambivalente. Fallait-il, par exemple, au nom de ce principe, interdire le développement du chemin de fer au siècle dernier sous prétexte qu'il pouvait avoir des conséquences dangereuses pour la population ? Pour autant faut-il accepter toute innovation technologique simplement parce qu'elle est innovante ?

6. Déchet et imaginaire: Le paradigme du corps étranger toxique

Yann Cochin ; Dominique Lhuilier.
Through the individual and collective representations of waste and landfill, this qualitative study analyses the imagination linked to these two topics. The established links clarify the resistance to information and the dynamic of rejection as well as the opposition in reaction to projects of implantation and installation of waste treatment devices. Exposing the misunderstanding of the imagined signification of waste and landfill allows the possibility of action. Only such action provides the opportunity not to feel exposed to the menace of waste but to restore the position of the individual actor.

7. Recherches concertées avec les industriels en matière d'environnement: Exemple du réseau coopératif de recherche sur les déchets (RE.CO.R.D.)

Alain Navarro.
C'est en décembre 1989 que l'association Record (Réseau coopératif de recherche sur les séchets) a été créée à l'initiative du ministère de l'Environnement qui répondait ainsi à la sollicitation du HSMRC (Hazardous Substance Management Research Center) autre réseau coopératif américain implanté au NJIT (New Jersey lnstitute of Technology). La complexité des problèmes posés par la gestion des déchets et le poids des investissements nécessaires à une approche plus fondamentale des solutions justifient toujours à eux seuls le recours à une action coopérative. C'est ainsi que Record est le fruit d'une triple coopération : celle des industriels désireux de regrouper leurs besoins et leurs moyens de recherche, celle des pouvoirs publics (Ademe et ministère de l'Environnement) et celle des chercheurs qui couvrent la quasi-totalité des disciplines des sciences physiques, chimiques, mécaniques, biologiques, économiques, sociologiques, etc.

8. Les contraintes financières pour les collectivités locales françaises dans la gestion des déchets

Alain Cabanes.
La précollecte, la collecte et le traitement des déchets coûtent de plus en plus cher. Au fur et à mesure que la qualité de la collecte et du traitement s'améliore, son coût augmente. A l'échéance 2002, une collectivité conforme aux objectifs atteindra de 20 à 25 % de recyclage, 20 % de compostage, et 55 à 60 % d'incinération avec production d'énergie. Le coût global TTC de l'opération se situera à 1 300 F environ, dont 220 F de TVA.

9. Environnement et technico-économie des procédés industriels: Partie 1 : la nuisance des produits

Pierre Le Goff ; Jalel Labidi.
Les interactions de tout procédé industriel avec son environnement, se placent, soit en amont du fait de la rareté des ressources naturelles utilisées, soit en aval par le rejet de sous-produits et les nuisances qui en résultent. On définit l'intensité de nuisance de chaque agent polluant. On écrit une méthode simple de calcul de la nuisance totale d'un produit industriel quelconque, comme la somme des nuisances provenant de chacun des processus d'élaboration de ce produit. On présente, à titre d'exemple, l'inventaire des diverses pollutions de l'air, de l'eau et des déchets solides, dues à la production d'un kilogramme d'acier.