N°74 - septembre 2017


1. Assainissement par toilettes sèches à litière biomaîtrisée : premiers résultats d’une expérimentation menée en milieu rural (Grande Plaine, commune de Gros-Morne, Haïti)

Gaston Jean ; R. Bayard ; Joaneson Lacour ; Pascale Naquin.
Cet article présente une expérimentation de gestion d’un dispositif d’assainissement domestique par toilettes sèches à litière biomaîtrisée (TSLB), menée en milieu rural en Haïti. Ce procédé a été choisi en raison de son coût abordable pour la population concernée, dans une zone où les pratiques principales sont celles de latrines très simplifiées (simples trous dans le sol) et de la défécation à l’air libre. Plusieurs actions ont été menées : organisation de réunions de sensibilisation à l’hygiène, d’ateliers de formation sur la construction des toilettes, réunions de concertation afin d’établir les besoins des populations en termes d’assainissement domestique, leurs critères de choix, de discuter de la disponibilité et de la préparation des litières absorbantes, des équipements nécessaires, des conditions de gestion et de traitement des résidus liquides (utilisation individuelle directe dans les jardins personnels) et solides (choix du compostage). L’expérimentation a débuté avec la fabrication et la remise de 25 modules de toilettes aux ménages pilotes, la sélection du site de compostage collectif et de ses conditions de gestion. Ayant opté pour l’apport volontaire et la gestion communautaire des résidus, les ménages y amènent leurs seaux chaque semaine. Après un an de fonctionnement et de suivi, près de 4 tonnes de résidus solides ont été collectés. Dans leur grande majorité, les ménages apportent […]

2. Une méthodologie couplant mesures géophysiques et ponctuelles afin d'estimer la perméabilité d'un site destiné à l'infiltration d'eau usée traitée

S. Bisone ; R. Clement ; N. Forquet.
Lorsqu'il n'existe pas d'autre exutoire possible ou que l'on souhaite réduire les volumes déversés vers le milieu récepteur superficiel, l'eau usée traitée à la sortie des stations d'épuration est infiltrée à proximité. Cette pratique fait émerger des questionnements d'ordre opérationnel et environnemental : comment dimensionner un ouvrage d'infiltration et quels sont les impacts éventuels sur le milieu récepteur souterrain ? Des études préalables sont recommandées pour les zones de rejet végétalisées et obligatoires dans le cas des zones d'infiltration mais aucun document ne précise comment prendre en compte l'hétérogénéité spatiale des propriétés du sol. Ces dernières pouvant fortement influencer le cheminement de l'eau vers la nappe ainsi que les quantités susceptibles d'être infiltrées. Le présent article introduit une méthodologie couplant des mesures géophysiques spatialisées et des mesures ponctuelles afin de décrire au mieux la configuration de la proche surface, notamment sa conductivité hydraulique au champ. Le processus hiérarchique proposé permet, en allant de la mesure la plus rapide et la moins précise, à la mesure la plus longue et la plus précise, d'optimiser les plans d'échantillonnage et ainsi réduire le temps et le coût de l'étude. Deux exemples d'application de la méthodologie sont présentés mettant particulièrement en évidence la complémentarité des outils et l'apport de la géophysique notamment sur […]

3. Evaluation des Risques Ecotoxicologiques liés à l’épandage de boues de STEP chaulées sur une parcelle agricole

Gilles Donguy ; Pascale Chenon.
Les boues de stations d'épuration urbaines peuvent être épandues sur sol agricole selon un cadre règlementaire fixé par un décret de 1997, sous la responsabilité du producteur de ces boues considérées comme des déchets. Sous l’impulsion de l'Union des producteurs de chaux, un dossier technique pour la création d'une nouvelle norme, basé sur la réalisation d’une Evaluation des Risques Ecotoxicologiques (ERE) portant sur des boues chaulées, a été transmis à l’ANSES, et a conduit à l’élaboration d’une norme AFNOR (NFU44-003) permettant d’utiliser ces boues en tant qu’amendement. L’ERE, qui comporte classiquement quatre étapes (formulation du problème, caractérisation des expositions, caractérisation des effets, caractérisation des risques) a été mise en place selon l’approche « substances » portant sur l’écosystème terrestre, sur la base d’un scénario type d’épandage de boues chaulées sur un sol agricole. Des analyses physicochimiques ont été réalisées sur ces boues en ce qui concerne les traceurs de risques suivants : 3 HAPs et 9 Eléments Trace Métalliques. Pour chacun de ces traceurs de risque, l’exposition (PEC) a été caractérisée sur la base d’un facteur de dilution de la boue dans le sol agricole, calculé pour la dose D1 dite agricole (0,1 %) et une dose 5 fois plus importante D5 (0,5 %), tandis que des valeurs écotoxicologiques (PNEC) ont été tirées des bases de données internationales. Ainsi, […]

4. Evolution des caractéristiques des déchets solides ménagers dans la ville de Yaoundé au Cameroun (1995-2015)

Emmanuel Ngnikam ; Pascale Naquin ; Ritha Oumbe ; K. Bruno Djietcheu.
Cette étude met en exergue l’évolution des caractéristiques des déchets ménagers à différentes étapes de la filière et pendant des périodes différentes. Quatre campagnes de caractérisation aval et amont en 1995, 2006, 2011 et 2016 dans la ville de Yaoundé (3,1 millions d’habitants, climat tropical humide). Elle détermine également la production spécifique des déchets ménagers, nécessaire pour planifier toute opération de collecte et de valorisation.Pour évaluer la production spécifique des déchets ménagers, des enquêtes ont été effectuées auprès de 440 ménages choisis selon la méthode stratifiée au hasard, puis le dépôt des sacs poubelles dans les ménages retenus pour le stockage et la collecte de leurs déchets pendant la période d’observation. La durée de stockage des déchets dans la maison est de 48 heures pour chaque campagne. La caractérisation des déchets en amont a été faite directement sur l’ensemble des sacs collectés auprès des ménages, soit une masse totale d’environ 1 800 kg de déchets triés par campagne. La caractérisation des déchets en aval a été effectuée sur les déchets qui arrivent à la décharge. Une masse d’au moins 2 000 kg des déchets a été triée par campagne.La production spécifique des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé varie entre 0,5 et 0,8 kg/habitants/jour selon le standing de l’habitat, avec une moyenne de 0,62 kg/hab/jour, ce qui correspond à une production totale […]

5. Caractérisation d’eaux usées des quartiers déshérités du sud du Bénin : cas du quartier Agla

Franck Yovo ; Biaou Dimon ; Eléonore Yayi ; Fidèle Suanon ; Ignace Agani ; Valentin Wotto ; Dominique Sohounhloue ; Coffi Azandegbe Eni.
Les zones déshéritées du Sud Bénin comme le quartier Agla de Cotonou sont confrontées aux problèmes d’inondations cycliques. Ces zones constituées de marécages et de retenues d’eaux favorisent la prolifération des maladies hydriques (diarrhée, choléra, dysenterie, fièvre typhoïde etc…) particulièrement chez les petits enfants à cause des eaux usées domestiques qui y sont déversées par 82,5 % de la population.Notre étude a pour but d’évaluer l’état de pollution de ces eaux afin d’attirer l’attention de la population en générale et des responsables communaux en particulier sur la nécessité de promouvoir des méthodes simples de réduction des polluants des eaux usées domestiques.En vue de l’atteinte de cet objectif, nous avons procédé au prélèvement et à l’analyse des eaux usées (l’eau vanne EV, l’eau grise EG) puis comparé ces résultats à ceux des eaux du collecteur d’eaux usées (ECE) qui traverse le quartier Agla. Les paramètres physico chimiques des eaux usées ont été déterminés conformément aux normes françaises.Les résultats montrent que toutes les eaux sont légèrement alcalines et ont une teneur élevée en polluants organiques (DCO et DBO5). Les eaux du collecteur d’eau (ECE) et les eaux grises (EG) ont respectivement une teneur en DCO égale à 1 395 et 1 457 mg/L. Les eaux vannes ont un taux en DCO (3 077 mg/L) supérieur à ces dernières. Les eaux grises ont des conductivités élevées (2 458 […]

6. Éditorial n°74 Déchets Sciences et Techniques

Rémy Gourdon.
Dans la foulée du précédent, le numéro 74 est fidèle à la ligne éditoriale de la revue. Il publie en effet trois articles issus d’équipes du « Sud » (Haïti, Cameroun et Bénin) et deux articles provenant d’équipes du « Nord », en l’occurrence françaises. Certes, le distinguo « nord-sud » que je contribue ici à maintenir ne devrait avoir aucune justification, notamment dans le domaine scientifique dont le langage et les fondements sont universels. Mais dans la pratique et au quotidien, force est de constater que les travaux de recherche des collègues chercheurs et enseignants-chercheurs du « Sud » trouvent encore difficilement accès à la diffusion internationale à laquelle ils prétendent légitimement. C’est pourtant par cette diffusion que leur action trouvera la reconnaissance et les applications qu’elle mérite. Conduite avec souvent de nombreuses difficultés matérielles et financières, la recherche des collègues du « Sud » est nécessaire pour permettre le développement de solutions techniques et organisationnelles adaptées et durables dans le domaine de l’assainissement comme dans d’autres, pour nourrir l’innovation des acteurs locaux, pour capitaliser leur expérience unique qui trop souvent se perd faute d’avoir été décrite et diffusée alors qu’elle est potentiellement source de progrès, y compris pour les pays du « Nord » bien évidemment.La recherche en ingénierie environnementale a la spécificité de se […]