N°49 - Janvier-Février-Mars 2008


1. : Après le Grenelle de l’Environnement ?

Pierre MOSZKOWICZ ; Olivier Guichardaz.
Il y a quelques mois, nous nourrissions quelque inquiétude au sujet du Grenelle de l’Environnement. Les choses paraissaient mal engagées, sur des bases peu étayées. Dans le domaine des déchets notamment, la somme de connaissances accumulées depuis des années — grâce en particulier à la recherche — paraissait partiellement ignorée. Maintenant que le Grenelle a accouché de ses « engagements », nous pouvons constater avec regret que ces inquiétudes étaient, au moins pour partie, fondées. Une des questions très polémiques était le moratoire sur l’incinération. S’il n’a pas été adopté, des conditions très strictes ont été mises à la création de nouveaux projets d’incinérateurs alors que de telles conditions n’existent pas pour les décharges. En théorie, il restera possible de construire de nouvelles usines. En pratique, on peut craindre que les projets, déjà difficiles à faire aboutir, ne deviennent presque impossibles à monter. Et on le sait, ce qui ne va pas en incinérateur finit immanquablement en décharge, avec le gâchis que cela représente en termes de PCI inutilisé et d’espace consommé.A terme, c’est la « hiérarchie des déchets », gravée dans le marbre depuis la première directive cadre de 1975, qui risque de se trouver ainsi bousculée, l’incinération passant, de fait, après la décharge dans l’ordre des priorités.Pour ce qui est de la facturation incitative (« payer en fonction de ce que l’on […]

2. Identification et valorisation de mélanges Polycarbonate (PC) / Acrylonitrile-Butadiène-Styrène (ABS) issus de vieux ordinateurs.

Tasnim Kallel ; Nizar Mnif ; Valérie Massardier-Nageotte ; Boubaker Elleuch.
Les matières plastiques issues des déchets électroniques constituent un flux de déchets croissant. Par exemple, les ordinateurs en fin de vie posent un problème de recyclage à cause de la diversité de leurs constituants (métaux, polymères, verres…). Notre objectif est d'étudier la valorisation des déchets de matières plastiques issues de ce type d'équipements et de trouver les solutions pour la réalisation pratique. Pour ce faire, nous avons commencé notre étude par l'identification des différents types de polymères qui constituent les coques d'équipements collectés sur le campus universitaire de Sfax (Tunisie) et datant, pour la plupart, du début des années 1990. Ensuite, nous avons choisi de nous intéresser au polycarbonate (PC) et au copolymère acrylonitrile-butadiène-styrène (ABS) qui sont représentatifs du gisement étudié et représentent 68 % de la masse totale des ordinateurs collectés.Dans le but de minimiser les coûteuses opérations de tri, nous avons élaboré des mélanges non miscibles PC/ABS représentatifs du gisement étudié. Afin d'améliorer les propriétés (mécaniques, morphologiques…) de nos mélanges PC/ABS, nous avons étudié l'effet de l'addition de polyméthacrylate de méthyle (PMMA), qui peut agir comme comptabilisant (sorte d'émulsifiant) en se plaçant à l'interface PC/AB.

3. Les contours de la concurrence entre cimenterie et incinération spécialisée de déchets en Europe

Gérard Bertolini.
L'industrie du ciment est forte consommatrice de matières premières et d'énergie, de plus en plus coûteuses, ce qui la pousse à utiliser de façon croissante, en particulier en Europe, des sous-produits ou déchets minéraux et plus encore combustibles. Elle peut ainsi « faire d'une pierre deux coups » ou enregistrer « un double dividende », le gain économique se doublant d'un gain environnemental. Car les déchets utilisés, dangereux ou non, sont d'origines diverses, à faible cout ou mieux encore assortis de la facturation d'une prestation de service. Pour utiliser (valoriser) des déchets, notamment des déchets difficilement recyclables par d'autres voies, les cimenteries présentent des atouts majeurs, en particulier par rapport à une incinération spécialisée. A ce sujet, vis-à-vis de la concurrence qu'elles exercent, on peut relever que les grands groupes de l'élimination sont aussi intéressés par la fourniture (y compris la préparation) de déchets destines aux usines cimentières. Même si on laisse de côté des risques de dérives susceptibles de nuire à la qualité des ciments ou d'infirmer le qualificatif de « valorisation », certaines interrogations demeurent au plan environnemental. Un développement durable appelle des précautions.

4. Optimisation de l'échantillonnage des déchets ménagers. Application pratique de la méthode de tri sur sec

B. Morvan ; J.P. Blanquart ; S. Aboulam.
Pour réaliser un échantillonnage de déchets ménagers selon la norme EN 14899 il faut connaître la masse des prélèvements élémentaires, leur nombre pour constituer un échantillon à analyser, ainsi que le nombre d'analyses pour obtenir la précision de mesure souhaitée. A cet effet un échantillonnage probabilistique sur des ordures ménagères brutes a été réalisé en fosse à Saint-Malo. Les échantillons ont été analysés sur produit sec selon la norme NF XP X30-466. Les résultats montrent qu'une masse de prélèvement élémentaire de 18 kg est suffisante pour avoir des distributions normales donc des résultats représentatifs en ce qui concerne les principaux paramètres des ordures ménagères : matière sèche, matière organique, PCI et les principales catégories de la norme XP X30 408. Les variances d'échantillonnage et d'analyses permettent d'établir un plan d'échantillonnage pour chaque grandeur recherchée.

5. Traitement à la chaux des tufs volcaniques du Sénégal oriental. Activation de la réaction pouzzolanique par du phosphogypse

Mouhamadou Bassir Diop ; Abdoulaye Boiro ; Raoul Jauberthie ; Ahmed Bouguerra.
Au Sénégal, des déchets appelés phosphogypse (Prayon Rupel Technologies (1996) : Section conversion et qualité des sous-produits de sulfate de calcium ex-phosphate de Taïba - Test CPP (Central Prayon Process)) résultent de la fabrication de l'acide phosphorique à partir du phosphate. Ils sont disposés en tas dont la qualité et la quantité restent non spécifiées. L'évaluation du stock de phosphogypse montre une quantité disponible estimée à 166 millions de m3. Au point de vue environnemental, le lessivage de ces tas par les eaux de pluie pendant la saison des pluies rend les sols avoisinants acides.La région de Mako (Sénégal oriental) est pourvue d'une quantité importante de tufs volcaniques tendres et pulvérulents provenant du volcanisme calco-alcalin de l'âge birimien (environ 2 milliards d'années). Ces tufs volcaniques sont acides (avec près de 70 % de SiO2). Cette forte teneur en silice et en aluminium (13 %) confère aux mélanges tufs + liant des propriétés pouzzolaniques (Coatanlem, (2004) : Pouzzolanicité des tufs volcaniques acides du Sénégal oriental, XXIIeRUGC 2004, Ville & Génie civil, 3 & 4 juin 2004, Marne-la-Vallée). Traités à la chaux (2,5 %), les tufs permettent d'obtenir des briques de résistances enlevées (3 MPa) dès 72 heures de conservation à 80oC. L'apport de phosphogypse accélère considérablement la réaction pouzzolanique et induit un gain de résistance de près de 60 % […]

6. Evaluation de la pollution générée par les lixiviats de la décharge publique de la ville de Fès

H. Chtioui ; F. Khalil ; S. Souabi ; M.A. Aboulhassan.
Cette étude porte sur l'évaluation de la pollution de lixiviats produits par l'ancienne décharge de la ville de Fès. Le diagnostic de lixiviats a montré une forte pollution organique difficilement biodégradable qui évolue au cours du temps. En effet, la charge polluante produite par jour en DCO varie entre 20 et 216 kg. En outre, la concentration en NTK varie autour de 4 000 mg/l, tandis la concentration en NO3- varie autour de 80 mg/l. L'analyse des éléments métalliques a montré une importante concentration en chrome qui peut atteindre 9 mg/l, tandis que la concentration en Cu, Zn, Pb et Ni dépasse les normes de rejet. Par ailleurs, les teneurs en éléments métalliques analysées dans les sédiments prélevés à partir du même point que les lixiviats sont importantes et varient d'un point de prélèvement à l'autre. Le chrome présente des teneurs qui dépassent 1 250 μg/g, tandis que les teneurs du Pb et du Hg dépassent respectivement 760 et 4,7 μg/g. Les concentrations maximales en Cr et en Zn analysées dans le compost sont respectivement de 480 mg/g, et de 1 320 mg/g tandis que le Pb présente 110 μg/g. Ceci témoigne d'une pollution métallique des lixiviats provenant de la décharge brute qui reçoit toutes sortes de déchets, en particulier les déchets de tanneries, des margines, de textile, d'activités agroalimentaires…