N°46 - Avril-Mai-Juin 2007


1. Traitement des sédiments issus de l'assainissement pluvial

François Petavy ; Véronique Ruban ; Jean-Yves Viau ; Pierre Conil.
Le devenir des sédiments issus de l'assainissement pluvial est une préoccupation forte des gestionnaires de bassins et voiries. En effet, ces résidus représentent des volumes importants et sont fréquemment pollués. Leur gestion constitue donc un réel enjeu économique et environnemental. Les études antérieures mettent en évidence une contamination par les métaux lourds, les hydrocarbures et les HAP avec des teneurs supérieures aux valeurs de référence pour les sols pollués. Cependant, les résultats sont contradictoires quant à la localisation de ces polluants. L'étude de traitabilité réalisée en laboratoire montre que les polluants organiques et inorganiques sont majoritairement présents au niveau des particules fines. Ces particules sont ≪ libres ≫ et facilement séparables par tri granulométrique, ou agglomérées et nécessitent alors une étape supplémentaire d'attrition pour permettre leur désagrégation et leur séparation granulométrique. Le protocole mis au point a permis, après optimisation des différents paramètres opératoires, de concentrer les polluants au sein des particules fines (< 80 μm) et de dépolluer jusqu'à 75 % de l'échantillon brut. Ces résultats ont débouché sur la conception d'une unité pilote mise au point selon le principe établi en laboratoire, tout en respectant les contraintes techniques et économiques actuelles. Les sédiments valorisables devront répondre à un cahier […]

2. Utilisation de l'écologie industrielle et de l'intelligence économique territoriale pour le développement durable d'une zone industrialo-portuaire

Guillaume Junqua ; Hervé Moine.
Une approche d'intelligence économique territoriale a été mise en place au sein de la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer, à l'initiative du Port autonome de Marseille (PAM), en 2004. Elle vise à mieux connaitre ce territoire pour le rendre plus compétitif et diversifier ses activités, dans le respect des populations et de l'environnement. L'originalité de la méthode est d'utiliser l'écologie industrielle comme outil d'intelligence économique territoriale.L'objectif de cette étude est d'assurer un développement durable de la ZIP et son insertion dans le tissu urbain, industriel et naturel existant. Les premiers résultats y sont présentés et montrent que l'écologie industrielle et l'intelligence économique et territoriale sont des outils complémentaires pour soutenir le développement durable d'une zone d'activité.

3. Les packaging recovery notes (PRN) sont-ils économiquement efficaces ?

Adèle David Vaudey ; Matthieu Glachant.
The United Kingdom has opted for a very original solution to implement the EU packaging waste directives. In comparison with continental schemes, the British system is very decentralised. In particular, individual packaging users fulfil their recycling obligations by buying packaging recovery notes (PRN) on a market.This paper describes the UK scheme and seeks to assess its economic efficiency. The assessment is carried out in a comparative way, taking the French system as a reference. Our results are contrasted. On the negative side, the UK PRN system suffers from high administrative costs due to its complexity. In addition, PRN prices appear to be very volatile, thereby hindering the devising of long-term waste prevention strategies by packaging users and producers. The fact that municipalities are also constrained by recycling objectives introduces distortions that increase aggregate packaging recycling costs. On the positive side, the British system assigns the main responsibility onto retailers — as compared to pack fillers in France. Economic analysis suggests that this choice is relevant given that this level of the packaging chain enjoys market power vis-à-vis upstream producers.

4. La régulation de la mise en décharge de déchets ; fondements et instruments

Gérard Bertolini.
Réguler la mise en décharge : pourquoi ? comment ?Une évaluation environnementale des modes de gestion des déchets est nécessaire pour justifier leur hiérarchisation, et en particulier la place à accorder à la mise en décharge. Cependant, des incertitudes scientifiques, et dès lors des controverses, demeurent.Au-delà d'un repérage et d'une quantification des impacts environnementaux en termes physiques, le passage à une évaluation monétaire comporte des difficultés supplémentaires ; à ce sujet, un aperçu de l'état de l'art est fourni.Des enjeux importants s'attachent à une évaluation monétaire : elle permet (ou permettrait) une agrégation des divers impacts et ouvre la voie (selon le langage des économistes) à une ≪ internalisation de ces externalités ≫, en utilisant non seulement des instruments règlementaires mais surtout des instruments économiques, notamment la taxation.Des interrogations demeurent sur la taxation ≪ optimale ≫. En pratique, divers pays (dont la France) ont recours à cet instrument, avec des niveaux de taxation très variables. De plus, suite à la directive européenne sur la mise en décharge, le Royaume-Uni expérimente un système d'échange de droits relatifs aux déchets biodégradables, pour s'efforcer de conjuguer efficacité et efficience économique (c'est-à-dire atteindre les objectifs fixés au moindre coût).

5. Lixiviat de la décharge publique d'El Jadida (Maroc) : caractérisation et étude d'impact sur la nappe phréatique

Amina Chofqi ; Abdelkader Younsi ; El Kbir Lhadi ; Jacky Mania ; Jacques Mudry ; Alain Véron.
Ce travail s'inscrit dans le cadre de l'étude d'impact sur l'environnement de la décharge municipale de la ville d'El Jadida, en particulier sur la nappe phréatique qui circule à faible profondeur (10 à 20 m avec un minimum de 0,9 m) sous un sol perméable.L'analyse des lixiviats générés par cette décharge a montré qu'il s'agit d'un percolat à forte charge polluante minérale, organique et métallique (chlorures : 5 680 mg/l, sulfates : 1 823 mg/l, DCO : 1 005 mg/l, chrome : 156 μg/l et cadmium : 34 μg/l).L'étude physico-chimique des eaux de puits de la région révèle une importante dégradation de la qualité de la nappe sous-jacente. En effet, des conductivités électriques (en moyenne de 8 mS/cm) très corrélées à des teneurs élevées en chlorure (2 000 mg/l) et en sulfates (1 200 mg/l) sont fréquentes au niveau des puits, surtout de ceux situés à proximité et au niveau de la décharge. Ceci indique une forte contamination des eaux de ces puits par les lixiviats. Pour ce qui est de la charge organique et métallique (pratiquement négligeable dans les eaux souterraines naturelles), des teneurs anormalement élevées (210 mg/l en DCO, 21 mg/l en DBO5, 20 μg/l en cadmium, 70 μg/l en chrome, 80 μg/l en nickel) ont été observées, principalement dans les puits situés au sein, à proximité et à l'aval de la décharge, dans le sens d'écoulement de la nappe.