N°2 - 2ème Trimestre 1996


1. Éditorial n°2 Déchets Sciences et Techniques

Hervé Billard.
Loi du 13 juillet 1995Par la loi de 1992, le Parlement a voulu éradiquer le gaspillage en incitant au recyclage et à la valorisation des matériaux contenus dans les déchets : « Arrêtez de jeter bête ! »Le législateur a également réaffirmé les principes fondamentaux qui guidaient la politique de gestion des déchets :- précautions,- prévention,- meilleure technologie disponible dans des conditions économiques acceptables,- proximité,- subsidiarité.Il a enfin défini la notion « ou l'objectif » des déchets ultimes qui seuls pourraient être acceptés en décharge à partir de 2002.Une mauvaise traduction de la loiIl est à noter dès lors, que cette échéance de 2002 a marqué les esprits, même si peu d'objectifs chiffrés ont été fixés en matière de recyclage et de valorisation.Certes, des moyens incitatifs ont été mis en place (Eco­ Emballages, FMGD...) mais il a été pensé que des interdictions de mise en décharge auraient une influence notable sur les maillons amont et donc sur les producteurs.Certains ont même traduit cela par « plus de décharge en 2002 ».Cela reviendrait alors, à ne recourir qu'au tout incinération, à l'inverse de la quasi totalité des pays dans le monde qui reconnaissent la décharge comme moyen de traitement.

2. Recherche sur les déchets en économie et en sociologie : un état de l’art: Partie 1. Recherche en économie

Gérard Bertolini.
L'article fournit un aperçu (orientations, éléments de contenu, références bibliographiques) des recherches sur les déchets en économie et en sociologie. Le déchet ne renvoie pas seulement à une valeur économique nulle ou négative, mais à un système de valeurs socioculturelles. Les approches économiques ont trait notamment aux externalités et à leurs modes d'internalisation, au fondement scientifique des normes environnementales, aux instruments de régulation, à l'économie publique et à l'économie industrielle. Les approches sociologiques concernent surtout les comportements des groupes sociaux, les représentations, les logiques d'acteurs, la dynamique sociale (Partie 2 : Recherche en sociologie dans le prochain numéro). Ces recherches s'appliquent principalement aux entreprises (en particulier aux éco-industries), à la production et à la gestion des déchets, aux collectes sélectives ou séparatives, et à l'acceptabilité sociale des installations de traitement.

3. Première approche du contrôle industriel de la composition de résidus fortement hétérogènes, issus du broyage des automobiles et autres biens de consommation

Y. Correc ; A. Kassamaly ; D. Froelich.
A ce jour, les véhicules et les biens de consommation arrivant en fin de vie sont broyés afin d'extraire les métaux. Les autres matériaux (plastiques, verre,...) se retrouvent mélangés à d'éventuelles poussières métalliques et terre. Les solutions développées pour réduire la mise en décharge de ces résidus sont essentiellement la valorisation énergétique et à terme le recyclage des matériaux après un tri préalable. Afin de développer les filières de valorisation énergétique, Renault a mis en place une procédure d'échantillonnage et d'analyse rapide des résidus qui permet de contrôler leur qualité des résidus avant enfournement. L'objectif étant d'avoir une procédure rapide qui permette de situer la qualité du résidu par rapport au cahier des charges d'entrée des fours des utilisateurs. Une procédure d'échantillonnage a d'abord été élaborée en partant des travaux de GY sur les minéraux. Cette méthode donne des résultats satisfaisants pour les espèces métalliques ou organiques recherchées. Une méthode d'analyse par Fluorescence X pour les métaux et par bombe à oxygène pour le chlore a également été mise au point et donne des résultats satisfaisants pour des contrôles de routine.

4. Recyclage du poly (éthylène téréphtalate) par glycolyse

André Sideris ; Yves Pietrasanta.
Le traitement des bouteilles et des résidus de fibres en PET, par alcoolyse, contribue au processus de la protection de l'environnement. Nous étudions la dépolymérisation du poly (éthylène téréphtalate) par glycolyse en phase homogène en utilisant le naphtalène comme solvant, avec différents catalyseurs. Nous obtenons rapidement des produits glycolysés de bas poids moléculaires, avec l'orthotitanate de butyle. Ces produits servent de matières premières dans l'industrie des plastiques.

5. Influence de la longueur de chaine sur la décomposition thermique du polystyrène

M. Swistek ; N. Ben lsmail ; D. Nicole.
Trois échantillons de polystyrène standard de différents degrés de polymérisation et d'indice de polydispersité proche de l'unité ont été pyrolysés à 350°C. La masse moyenne en nombre, la quantité d'oligomères et de styrène formés ont été déterminés par chromatographie par perméation de gel. Les résultats obtenus ont permis de montrer que la fréquence des principaux mécanismes radicalaires dépendait de la longueur de la chaîne macromoléculaire du polystyrène initial.

6. Limitation des émissions de NOx : du pilote expérimental à l’incinérateur industriel de déchets urbains

Florent Jabouille ; Xiaohua Zhou ; Bernard Brégeon ; Jean-Claude Goudeau.
Des études expérimentales orientées vers la limitation des émissions de NOx ont été menées en parallèle sur un réacteur pilote, et dans deux incinérateurs industriels d'ordures ménagères. Les résultats obtenus montrent que les émissions de NOx peuvent être limitées par optimisation des paramètres de combustion. Par ailleurs le pilote se révèle être un outil précieux dont les résultats sont qualitativement transposables à l'échelle industrielle.

7. Les dioxines-furanes : de la réflexion à l’action

Richard Wojnarowski.
La nature physico-chimique des dioxines-furanes – Les concentrations en présence et la difficulté de leur mesure - Les réservoirs, les sources et la contamination des écosystèmes par ces substances - L'estimation des niveaux maximum d'exposition admissible pour l'homme – Les réponses réglementaires élaborées par les États industrialisés - Intérêt d'une démarche harmonisée et d'une information responsabilisante du consommateur - citoyen.

8. Modélisation du comportement à long terme de déchets industriels ultimes stabilisés confinés dans un stockage

Hervé Billard ; Abdelkrim Bouchelaghem ; Bernard Côme ; Pascal Viennot.
Le comportement à long terme des stockages de résidus industriels ultimes fait l'objet de travaux de modélisation incluant un terme source, constitué par des produits stabilisés et un terme transfert, constitué par une barrière argileuse servant d'écran passif entre les déchets et un aquifère circulant sous le stockage. Les éventuelles émissions provenant du déchet stabilisé sont représentées par une diffusion d'ions non retardés tels que les ions chlorures. Les transports de polluants, au travers de la barrière cumulent l'ensemble des moteurs du transport en milieux poreux à savoir, la convection, la diffusion et la dispersion. Les mécanismes d'échanges d'ions sont également pris en compte sous forme d'adsorption instantanée et réversible. Les premiers résultats de simulation mettent en évidence l'influence propre de la stabilisation, du mode de stockage, des phénomènes d'interactions géochimiques de la barrière argileuse et de la qualité de l'aquifère sous-jacent. De plus, ces premiers calculs sur des espèces non retardées (de type chlorure) montrent qu'il devrait être toujours possible de trouver une ou plusieurs combinaisons du système « déchet stabilisé-barrières actives-barrières passives » telles que les critères de sûreté soient constamment vérifiés (potabilité des eaux des aquifères sous-jacents par exemple).

9. L’application de la représentativité à l’aide à la décision

Jean-Louis Pineau ; Nathalie Valentin ; Isabelle Barale.
La représentativité est généralement une notion qualitative de la propriété de représentation d'un lot pour une épreuve par un échantillon. Seule l'approche globale de GY permet d'en faire une grandeur quantifiable. Elle est égale au coefficient de variation cv pour un échantillonnage juste et elle dépend des trois opérations que sont l'échantillonnage, l'épreuve et la mesure. En particulier si les conditions d'application de ces opérations ne sont pas vérifiées, la représentativité n'est plus significative et l'aide à la décision est sans fondement.

10. Application des tests de lixiviation (NF X31-210) à des roches granitiques

Chantal Peiffert ; Michel Cuney.
Cette étude se propose de comparer les seuils de concentration en éléments toxiques fixés par les normes légales industrielles avec les quantités de matières libérées par des matériaux naturels lors de l'application des tests de lixiviation. Les échantillons choisis pour cette étude sont un granite sain et un profil pédologique sur un massif granitique. Le granite sain et le profil pédologique ont été sélectionnés pour leur représentativité (Correns et al., 1978), leur teneur élevée en certains éléments considérés comme toxiques (mais correspondant toutefois à des volumes de matériaux importants) et leur degré d'altération.

11. Le tri à payer

Claude Bouster ; Philippe Revin ; Pascal Tissot ; Hervé Reymond.
La loi du 13 juillet 1992 et son décret d'application du 13 juillet 1994 obligent à trier et valoriser les déchets d'emballages issus de l'industrie, déchets d'emballages qui sont donc une forte composante des déchets industriels banals (DIB). Les DIB et leurs producteurs sont donc directement concernés par cette évolution réglementaire récente. L'objectif de cette étude est d'apprécier, sur un an de fonctionnement, le véritable coût d'exploitation par matériau d'un centre de tri de DIB et ce, en dehors de toutes considérations liées au marché des matières premières de récupération, et en dehors de toute subvention publique éventuelle qui, bien souvent, masque en partie la réalité économique.

12. Traitement de surface : un outil pour évaluer les alternatives de traitement des rejets

Bruno Debray ; Mathieu Leduc ; Jacques Bourgois.
L'industrie du traitement de surface produit en grande quantité des effluents toxiques dont elle doit impérativement réduire la toxicité avant rejet dans le milieu naturel. Se pose alors le problème du choix d'une solution de traitement adaptée et économiquement acceptable. En raison d'un manque d'information sur les techniques disponibles les solutions retenues sont souvent inadaptées et font rarement appel à la valorisation qui a pourtant été fixée comme priorité. Pour tenter de remédier à ce problème, nous développons un outil informatique d'aide à la décision pour le choix de solutions de traitement. Un exemple illustre les fonctionnalités actuelles du système et les compléments que nous tentons d'y apporter en modélisant la détoxication des effluents par voie physico-chimique (oxydoréduction, neutralisation, précipitation).