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L’existence de risques pour la santé associés à l’élimination des ordures ménagères en décharge contrôlée est encore mal évaluée. Devant les données très parcellaires dont on dispose, une approche pluridisciplinaire établie en plusieurs étapes a été conçue par le Réseau Santé Déchets (RSD) et appliquée à deux sites :- métrologie chimique et microbiologique des sources d’émission ;- métrologie des polluants sélectionnés et des microorganismes aux postes de travail et en ambiance, ainsi qu’en périphérie immédiate et à proximité des premières habitations ;- mesure de ces mêmes polluants dans les lichens présents sur les sites ou transplantés ;- étude expérimentale en laboratoire sur des rats au contact des sols prélevés sur les deux sites ;- étude des paramètres de santé et de l’existence ou non de troubles chez les salariés des sites comparés à des salariés non exposés issus d’autres activités.Les concentrations mesurées dans les ambiances aériennes des sites et à proximité sont dans l’ensemble faibles.Les composés organiques volatils (COV) sont présents, à des niveaux faibles, sur l'alvéole en exploitation, liés en particulier au trafic des engins diesel. Les niveaux de HAP particulaires sont de l'ordre de ceux qui sont observés en milieu urbain. Des niveaux très élevés en poussières totales (mais faibles pour les poussières alvéolaires) ont été mesurés. Le manganèse est le métal le plus représenté, il est retrouvé également dans les lichens. Les concentrations en micro-organisme sont élevées soit 100 à 1000 fois ce que l'on retrouve en environnement classique. La flore est caractéristique des milieux de traitement du déchet avec un aspect monomorphe (champignons de type Aspergillus ou Penicillium).Une symptomatologie fonctionnelle témoignant d'une atteinte irritative ou immunoallergique des voies respiratoires et du revêtement cutanéo-muqueux est observée chez les salariés des sites étudiés, sans qu'il n'y ait perturbation de la fonction respiratoire. Aucun trouble clinique n'est mis en évidence. Les études menées sur les rats de laboratoire ont montré l'existence de foyers inflammatoires des tissus pulmonaires (chez les bêtes autopsiées) et d'une réponse en terme d'induction enzymatique (CYP1A et CYP2B) surtout respiratoire. Le test génotoxique des comètes indique une atteinte transitoire et compatible avec l'inhalation de COV.Cette étude, même si elle ne représente qu'un instantané de la situation des deux sites étudiés, apporte les premiers éléments de connaissance sur les effluents aériens de décharges d'ordures ménagères, et leurs possibles effets sur la santé. Elle ouvre sur des questions qu'il faudrait pouvoir approfondir, en particulier l'impact sanitaire des micro-organismes.