Gérard Bertolini - Le coût social des consommations d’espace

eid:8054 - Environnement, Ingénierie & Développement, 1 janvier 2003, N°30 - 2ème Trimestre 2003 - https://doi.org/10.4267/dechets-sciences-techniques.2434
Le coût social des consommations d’espaceArticle

Auteurs : Gérard Bertolini 1

Parmi les ressources naturelles, le foncier présente certaines spécificités. Dans le cadre des analyses de cycle de vie (ACV), la consommation d’espace est prise en considération, mais la plupart des auteurs se bornent à une indication en terme de surface mobilisée, soit un traitement très fruste. Certains auteurs ont développé des analyses des divers impacts ou effets environnementaux associés à des usages du sol ; mais on bascule alors dans « l’analyse environnementale ». L’objet de cet article est différent : il ne vise pas à décrire et analyser les divers impacts environnementaux associés à des usages du sol, mais à évaluer le coût social résultant de la mobilisation d’espace. Il vise également à jeter un pont entre les ACV et l’analyse économique. L’espace est source d’utilité, privée et sociale ; mais cela signifie qu’une réduction de consommation d’espace, pour assurer une même fonction ou une même utilité, génère un gain social. Les terrains ou espaces n’ont pas le même intérêt (la même valeur) pour la collectivité. Dès lors, dans les ACV, il apparaît préférable de prendre en compte, plutôt que la surface, la valeur du terrain. Cette valeur renvoie elle-même à des valeurs d’usage et d’échange, de location ou d’acquisition, et le cas échéant à des préférences propres de la collectivité. Une monétarisation de l’effet « consommation d’espace » présente pour avantage, dans les ACV, de faciliter l’agrégation de divers effets environnementaux (sous réserve bien sûr que les autres effets soient eux-aussi évalués en termes monétaires). Ce qui est appelé communément « consommation d’espace » n’est en fait généralement qu’une mobilisation ou occupation temporaire, pour un certain usage. Il peut cependant en résulter la présence de constructions lourdes, devenues hors d’usage, et d’autres modifications d’attributs « intrinsèques » du terrain, en particulier des altérations plus ou moins réversibles, susceptibles d’hypothéquer des usages futurs. L’optique ACV conduit à prendre en compte l’après-usage (initial) et le long terme. À titre d’illustration, une étude de cas a été faite. Elle est relative au traitement des déchets, notamment à l’alternative incinération ou mise en décharge (stockage). Si on considère seulement l’occupation initiale d’espace, le résultat est très favorable à l’incinération. Si on intègre la valeur des espaces concernés, il devient favorable au stockage. Cependant, au delà de la phase d’exploitation, le stockage se traduit, sinon par une « stérilisation » définitive des terrains concernés (permettant alors véritablement de parler de « consommation d’espace »), du moins par des pertes de valeur d’usages (potentiels). Dès lors, une analyse sur longue période (100 ans), qui s’accompagne d’un besoin de renouvellement des capacités, donne à nouveau l’avantage (pour ce critère) à l’incinération.


Volume : N°30 - 2ème Trimestre 2003
Publié le : 1 janvier 2003
Importé le : 29 juillet 2021
Mots-clés : [SDE.IE]Environmental Sciences/Environmental Engineering

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